GUÉRIR DU CORONAVIRUS, ET APRÈS : QUELLES SONT LES SÉQUELLES LAISSÉES PAR LE COVID-19 ?
Une maladie qui ne ressemble à aucune autre. C'est ce que ressentent les patients guéris du coronavirus. Mais malgré la guérison, le Covid-19 laissera des traces, somme toute pas identiques d'une personne à l'autre.
En effet, «on ne pense pas qu'il y ait des séquelles pour les personnes qui ont eu de faibles symptômes», a expliqué à FranceInfo, le professeur et infectiologue à l'hôpital Bichat à Paris, Xavier Lescure.
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Toutefois, le peu de recul que les médecins ont sur cette pathologie ne permet pas d'émettre avec précision les séquelles que garderont les patients gravement touchés. Pourtant, certaines d'entre elles semblent aujourd'hui attestées.
LA FIBROSE PULMONAIRE
Les poumons sont les premiers organes touchés par le coronavirus. Dans une vidéo 3D réalisées par des chercheurs de l'hôpital universitaire George Washington aux Etats-Unis, on peut apercevoir que sur des poumons sévèrement infectés par le Covid-19 le tissu pulmonaire est très largement endommagé. Comme le confirme le docteur Keith Mortman, chef du service de chirurgie thoracique : «quand cette inflammation se réduit, elle laisse des cicatrices sur les poumons et crée des dégâts à long terme.» Ajoutant que : «cela peut détériorer les capacités respiratoires d'un patient dans le futur».
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Ainsi, les patients gravement touchés développeraient une fibrose pulmonaire provoquant chez certains d'entre eux une forte gêne respiratoire. Une pathologie que les autopsies ont confirmée. Comme le souligne Xavier Lescure : «on voit que les personnes qui décèdent ont de grosses lésions liées à des inflammations pulmonaires»
DES SYNDROMES CORONARIENS
Si les personnes atteintes d'une maladie cardiovasculaire sont plus à risque, le virus peut aussi entraîner d'importantes complications sur le système cardiovasculaire. Selon une étude réalisée à Wuhan au début de l'année 2020 et publiée dans la revue JAMA Cardiology, sur 416 patients atteints du Covid-19, 82 présentaient des lésions cardiaques dus au virus. «Les leçons des précédentes épidémies de coronavirus et de grippe suggèrent que les infections virales peuvent déclencher des syndromes coronariens aigus, des arythmies ou des insuffisances cardiaques», a expliqué le cardiologue américain Mohammah Madjid dans une autre étude publiée dans la revue médicale. Selon lui, «une lésion du muscle cardiaque peut subvenir chez tout patient, qu'il soit atteint ou non d'une maladie cardiaque, mais le risque est plus élevé chez ceux qui sont déjà atteints d'une maladie».
UNE INSUFFISANCE RÉNALE
Les reins sont un autre organe à surveiller de près. D'après Brad Rovin, directeur du département de néphrologie à l'université d'Etat de l'Ohio interrogé par RFI, «on retrouve le virus dans le rein, il existe plusieurs publications scientifiques à ce sujet. Dans de nombreux cas, ces patients, qui n'avaient jamais eu de maladie du rein, développent de graves lésions rénales. En fonction de la gravité et de la durée de l'infection pendant leur combat contre le Covid-19, ils peuvent développer une insuffisance rénale chronique».
DES LÉSIONS HÉPATIQUES
Chez certains patients, le virus épargne les poumons mais s'infiltre dans l'appareil digestif. «Dans ce cas, nous constatons une augmentation des enzymes du foie», qui suggère que les cellules de cet organe sont détruits, a expliqué Eric Cioe-Pena, médecin urgentiste à New York, au site Live Science.
Mais les conséquences du Covid-19 sur le foie pourraient être temporaires : «[le foie] se régénère très bien, donc les dommages ne sont probablement pas permanents», a-t-il ajouté.
LE STRESS POST-TRAUMATIQUE
Il y a les séquelles physiques et il y a les séquelles neurocognitives. Ces dernières résulteraient d'un long passage en réanimation que subissent certains patients gravement atteints. Interrogé par FranceInfo, le professeur Jean-Michel Constantin, anésthésiste-réanimateur à la Pitié-Salpétrière (Paris) : «on observe des séquelles neurocognitives très impressionnantes à la suite de syndromes de détresse respiratoire aigüe».
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Un passage long et parfois traumatisant pour certains patients. En effet, «vous vous retrouvez pendant trois semaines avec une machine qui respire pour vous, vous être endormis, vous êtes paralysés avec des curares (des anesthésiques, ndlr)», a expliqué le chef de service de médecine intensive réanimation à l'hôpital Saint-Antoine à Paris.
Et face au syndrome post-traumatique que peuvent développer certaines personnes, le professeur Jean-Michel Constantin, alerte : «tout cela est régressif mais il faut du temps, des années. Et on ne s'en remet pas de la même manière à 20 ans ou à 80 ans.» Certains experts, dans la même ligne, ont prévenu que la réanimation peut être «déraisonnable», conseillant ainsi à certains malades les soins palliatifs, plutôt que la réanimation.
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