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En période d’épidémie, « les obsessions et les inquiétudes d’une société ressortent plus facilement »

En période d’épidémie, « les obsessions et les inquiétudes d’une société ressortent plus facilement »




Les épidémies du passé peuvent-elles nous éclairer sur la situation présente ? Les historiens Frédéric Vagneron et Joël Chandelier ont répondu à vos questions dans un tchat du « Monde ».




Un cycliste traverse l’ancienne cité thaïlandaise d’Ayutthaya, habituellement peuplée de touristes, le 30 mars.


Frédéric Vagneron est l’auteur de Quand revient la grippe. Elaboration et circulation des alertes lors des grippes « russe » et « espagnole » en France (1889-1919) (dans Parlement(s), revue d’histoire politique, n° 25, 2017). Joël Chandelier a, lui, dirigé Science et technique au Moyen Age (XIIe-XVe siècle) et est l’auteur d’Avicenne et la médecine en Italie (Honoré Champion, 2017). Les deux historiens ont répondu à vos questions dans un tchat du Monde.

QUESTION : Peut-on comparer l’épidémie actuelle avec la grippe espagnole ?
Frédéric Vagneron : La pandémie de grippe espagnole s’est déroulée il y a un siècle, entre les années 1918 et 1920. Le contexte de la première guerre mondiale, les privations associées, les savoirs encore inexistants concernant les virus et l’absence de médicaments pour soigner les complications pulmonaires en font un événement sanitaire très différent. Cela dit, sa propagation mondiale a des similitudes avec l’expérience actuelle. L’incertitude qui était de mise en 1918 quant à la durée de l’épidémie est similaire à ce que nous vivons actuellement.

Bonjour : Quels sont les réflexes, historiquement, en temps d’épidémie ? Je pense aux supermarchés dévalisés notamment… Est-ce toujours chacun pour soi ?
Joël Chandelier : On retrouve de nombreux points communs, mais dans les deux sens : parfois du « chacun pour soi », mais aussi une grande solidarité. Lors de la Peste noire, en 1348 à Florence, Boccace remarque que certains se réfugient dans l’isolement et la religion, d’autres fuient à la campagne, certains essaient de profiter en spéculant, mais d’autres essaient d’aider leur prochain. En fait, ce qui est souvent mis en avant par les observateurs, ce sont les comportements négatifs : les obsessions et les inquiétudes d’une société ressortent plus facilement. Mais le plus souvent, on observe une grande solidarité, aujourd’hui comme autrefois.

Thanks : Pensez-vous que cette épidémie puisse « servir » à l’avenir pour la prévention, via la protection des écosystèmes ?
F. V. : Ce que des événements comme la grippe espagnole rappellent, c’est que les changements que vous évoquez sont toujours longs à apparaître. La sortie de l’épidémie – et en 1918 elle correspondait avec la sortie de guerre – est toujours un moment flou, et variable selon les espaces frappés par l’épidémie. Souvent, la réaction est d’essayer de revenir à un monde qui était celui d’avant la catastrophe, ce qui ne favorise pas forcément les remises en causes profondes.

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La question du Poète : Ne peut-on pas dire qu’après chaque grosse épidémie mondiale, il y a eu de nombreux changements sociaux et économiques, souvent positifs pour les plus démunis ?
J. C. : Qu’il y ait des changements, c’est certain, mais ils sont souvent moindres que ce que l’on pense et annonce au moment même de l’épidémie. Souvent, sur le moment, en raison de la violence et de la soudaineté de la déflagration, on a l’impression que le monde va changer. Et puis, les épidémies ont une fin… et la vie reprend.

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