ORLY, AÉROPORT FANTÔME AU SECOURS DES MALADES DU CORONAVIRUS
Avec d'infimes précautions, le malade, entouré de personnels ultra-protégés, est ensuite poussé sur un chariot sur quelques dizaines de mètres vers un appareil de l'armée de l'air, pour être emmené vers une autre région.
Mercredi, 24 patients ont ainsi été évacués, jeudi 45, vendredi 27 et samedi une dizaine. L'opération devait se poursuivre pour une durée encore indéterminée.
Dans le cadre de l'opération militaire «Résilience» de soutien à la population face à l'épidémie de Covid-19, trois hélicoptères Caracal, deux hélicoptères Puma, un avion cargo A400M et un Cas de l'armée participent au dispositif sur les pistes d'Orly, qui est devenu un aéroport fantôme depuis sa fermeture mardi soir au trafic commercial en raison de l'effondrement du trafic -- les vols commerciaux ont tous été redirigés vers l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle.
«L'objectif de l'opération est un objectif de santé publique», explique à l'AFP Eric Lecarpentier, directeur médical et chef de service du Samu 94.
«On extrait des patients pour lesquels le risque de transport est le plus maîtrisé possible, de façon à pouvoir prendre en charge des patients en Ile-de-France dont l'état est en train de se dégrader», poursuit-il.
Les malades, venus de tous les hôpitaux d'Ile-de-France, ont été transportés essentiellement vers les régions Normandie, Pays de Loire et Centre. Samedi, les patients ont été transférés essentiellement vers les hôpitaux de Clermont-Ferrand et d'Aurillac.
ET DEMAIN, L'INVERSE ?
Le gestionnaire de l'aéroport, ADP, a mis à disposition son service médical d'urgence (SMU) et un centre médical d'évacuation (CME), et un hôpital de campagne a été monté en quelques heures mercredi pour accueillir les malades en cas d'attente entre deux vols.
Un hôpital de campagne installé le 3 avril 2020 sur l'aéroport de Orly [GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP]
Un hôpital de campagne installé le 3 avril 2020 sur l'aéroport de Orly
[GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP]
Le CME dispose d'une capacité médicale avec de l'oxygène et des médicaments, comme un service de réanimation temporaire.
Mais selon le Dr Chadi-Christian Jbeili, médecin coordonnateur du SMU d'Orly, «les opérations se passent de manière fluide» et le centre improvisé a très peu servi.
«Une cellule de coordination médico-aéronautique récupère via l'Agence régionale de santé la liste des patients à transférer et une liste de places dans les zones moins tendues que l'Ile-de-France, et c'est cette équipe qui coordonne les vecteurs et les équipes médicales qui vont se charger de ces transferts», ajoute-t-il.
Certains appareils peuvent prendre quatre patients à bord, d'autres deux et d'autres seulement un, «c'est une gymnastique pour qu'il y ait le moins d'attente pour les patients», poursuit-il.
Le centre restera en place le temps qu'il faudra, et plus tard le dispositif, qui vient compléter les évacuations par trains sanitaires, pourrait être mis en oeuvre dans d'autres régions.
«Peut-être qu'à un moment donné l'Ile-de-France ne sera plus sous pression et ce sera l'inverse», les hôpitaux de la région parisienne accueilleront des patients de province, explique M. Lecarpentier.
Pour l'heure, il s'agit aussi de ne pas mettre en difficulté les régions qui ne sont pas encore en situation de surchauffe mais qui pourraient le devenir rapidement en fonction de la propagation de l'épidémie, ajoute-t-il.
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