Coronavirus : le Festival de Cannes n'a toujours pas dit son dernier mot
Depuis des mois, le Festival de Cannes refuse d’annoncer clairement sa destinée alors que de nombreux festivals et concerts sont annulés et que de nombreux films, attendus au printemps, ont repoussé leur date de sortie comme le prochain James Bond et d’autres superproductions comme Top Gun 2, Mulan ou Wonder Woman 1984. Cette 73e édition — si elle a lieu — réfléchit actuellement à de nouvelles "formes" pour exister, sur fond de crise sanitaire et continue de mobiliser ses équipes.
Le rendez-vous mondial du 7e art qui se déroule habituellement au mois de mai était resté silencieux depuis l’annonce lundi soir par le président français Emmanuel Macron que les grands festivals et événements ne pourront se tenir, "au moins jusqu’à mi-juillet", en raison du coronavirus. "Il apparaît désormais difficile de penser que le Festival de Cannes puisse être organisé cette année sous sa forme initiale", ont admis ses organisateurs mardi après-midi.
La Croisette actuellement reconvertie en refuge pour sans-abri a déclaré qu’elle réfléchissait à toutes les pistes envisageables pour que l’édition soit maintenue :
"Néanmoins, nous avons commencé hier (lundi) soir de nombreuses consultations dans le milieu professionnel en France et à l’étranger. Elles s’accordent sur le fait que le Festival […] doit continuer à étudier l’ensemble des éventualités permettant d’accompagner l’année cinéma en faisant exister les films de Cannes 2020 d’une manière ou d’une autre."
Tous les ans, le festival, couplé au Marché du film, attire 40 000 professionnels et environ 200 000 spectateurs. Il avait déjà refusé de capituler mi-mars, face à l’épidémie de coronavirus, envisageant dans un premier temps un report fin juin-début juillet.
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Symboliquement la tenue, "d’une façon ou d’une autre", du festival "serait une forme de coup de projecteur sur le redémarrage de la planète cinéma", soulignait aussi un membre du conseil d’administration cannois, alors que les salles de cinéma, en France comme aux États-Unis, sont portes closes.
Cannes est une vitrine essentielle pour les films français comme étrangers et une plateforme à récompenses. Palme d’or 2019 et énorme succès au box-office, Parasites du sud-coréen Bong Joon Ho a ainsi remporté l’Oscar du meilleur film à Hollywood, ce qui constituait une première pour un film en langue étrangère.
Le festival a déjà connu des éditions chahutées dont celle de 1968, interrompue après une fronde menée par des cinéastes, Godard et Truffaut en tête, en soutien au mouvement étudiant et ouvrier. Mais cette année, il va devoir aller plus loin et se réinventer. Reste à savoir sous quelle forme.
Si le festival d’Annecy prépare une édition numérique, Cannes s’opposerait radicalement à cette stratégie, comme l’expliquait Thierry Frémaux, son délégué général, dans un récent entretien à Variety :
"Pour Cannes, son âme, son histoire, son impact, c’est un modèle qui ne pourrait pas marcher. […] Voir des films de Wes Anderson ou de Paul Verhoeven sur un ordinateur ? Découvrir 'Top Gun 2' ou le prochain Pixar, ailleurs que dans une salle ? La sortie de ces films a été repoussée pour qu’ils puissent précisément être vus sur grand écran."
Outre la crise sanitaire, le monde est en train de traverser une crise économique. En dépit des différentes aides proposées aux professionnels du domaine, il semble compliqué que l’industrie se déplace et se loge pendant toute la durée du festival sur place, comme d’habitude, à leurs frais
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