Arte investit le théâtre classique dans une web-série très contemporaine
Dès mercredi 15 avril, Arte revisitera le répertoire théâtral français grâce à la web-série Replay. Pour réhabiliter de grands textes du théâtre classique, tantôt méconnus, parfois oubliés ou simplement réputés inaccessibles, la chaîne culturelle a fait appel au jeune réalisateur Matthias Castegnaro.
Dans huit films courts, il repense donc huit scènes emblématiques du théâtre classique à la sauce contemporaine, grâce à un casting jeune et pluriel qui démocratise ces textes ambitieux mais toujours actuels.
Un thème fédérateur
En modernisant ces textes, Matthias Castegnaro se prête également à un jeu d’équilibriste pour tenter de conserver l’essence théâtrale propre à chacune de ces scènes. Pour cela, chaque court est filmé en un unique plan-séquence, permettant ainsi une véritable fluidité dans les dialogues. Une réalisation sans coupe qui procure à chaque épisode l’unité d’un acte au théâtre.
Chacune de ces séquences est également transposée dans un lieu de vie aussi moderne que banal : Médée réglera donc ses comptes avec Jason à la station-essence, Arrie repoussera les avances de Petus au bureau et les Pallardins de Feydeau se disputeront chez Ikea.
Cependant, malgré une mise en scène propre à chaque épisode ainsi qu’une pluralité de lieux d’action, on retrouve une atmosphère commune à chacun qui offre une cohésion d’ensemble à cette web-série qui s’appréciera en tant qu’œuvre totale ou fragmentée.
Mais cette cohérence émane également du thème, universel et fédérateur, commun à chaque épisode. Dans Replay, l’amour est présent sous toutes ses formes : il est contrarié, jalousé, refusé, mis à mal ou tout simplement mort : lors d’un shooting photos, Charlotte et Mathurine se battront pour obtenir l’amour de Dom Juan tandis qu’Aquilie confessera son amour empêché pour Titus à la salle de boxe.
Une relecture moderne
Si le théâtre classique est majoritairement dominé par les hommes, Matthias Castegnaro a pris soin de faire la part belle aux autrices. Le Mariage de Victorine de George Sand, Brutus de Catherine Bernard et Arrie et Petus de Marie-Anne Barbier viennent donc côtoyer Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux, Médée de Corneille, L’Hôtel du libre échange de Georges Feydeau, Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand et Dom Juan de Molière.
Il ne se contente d’ailleurs pas d’une mise en scène contemporaine mais propose également des relectures modernes de certaines de ces œuvres.
Pour son adaptation de Cyrano de Bergerac, il a offert le rôle-titre à Romane Bohringer qui va déclarer son amour à une femme. Déguisée en homme, elle va petit à petit se mettre à nu, en enlevant son déguisement, pour avouer son amour à Roxane en se faisant passer pour Christian, offrant ainsi une lecture nouvelle au texte d’Edmond Rostand.
Une résonance actuelle
La plupart de ces textes ont plus de trois siècles mais certains (plus que d’autres) sont toujours aussi actuels.
Dans Le Jeu de l’amour et du hasard par exemple, Lisette et Sylvia conversent des avantages et inconvénients du mariage, dans un dialogue facilement transposable dans notre société contemporaine. "Le mariage aurait donc de grands charmes pour vous ?" interrogera Sylvia tandis que sa servante tentera de la convaincre des avantages de cette institution. Et d’ajouter : "Je ne m’ennuie pas d’être fille."
Pour démocratiser ces textes, Matthias Castegnaro a fait appel à un casting varié. Des comédiens de la Comédie-Française viennent côtoyer de nouveaux visages du Web comme Marion Séclin. La nouvelle génération du cinéma français, comme Lou de Laâge, Sabrina Ouazani ou Sara Forestier, donne la réplique à des visages moins connus du public, comme la talentueuse India Hair au casting du Jeu de l’amour et du hasard qu’on vous dévoile ici en avant-première.
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